
Harcourt 1841, l’éclat éternel Baccarat
Dans l’univers feutré du cristal, rares sont les créations qui ont su traverser les époques avec une telle prestance que...
05.08.2025
- Art moderne
Dans l’univers feutré du cristal, rares sont les créations qui ont su traverser les époques avec une telle prestance que le verre Harcourt. Né en 1841 sous le règne de Louis-Philippe, ce chef-d’œuvre de la Maison Baccarat est plus qu’un simple verre : il est le symbole d’un art de vivre à la française, façonné par près de deux siècles de tradition et de virtuosité.
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Les origines d’une légende
C’est au cœur de la Lorraine, dans la petite ville de Baccarat, que tout commence. Depuis 1764, la manufacture y sculpte la lumière, façonnant des pièces d’exception pour les têtes couronnées et les tables les plus prestigieuses.
Le verre Harcourt voit le jour dans un contexte d’élégance sobre : ses lignes, alors désignées « forme gondole à triple bouton », s’inscrivent dans le style épuré des années 1835-1845. Sa silhouette se distingue par un pied hexagonal parfaitement équilibré, une jambe ornée de trois boutons facettés et un buvant taillé à larges côtes plates, qui accrochent la lumière comme aucun autre.
Des tables royales aux palais du monde
Très vite, le Harcourt quitte les ateliers lorrains pour parader sur les tables du pouvoir. Commandé par Louis-Philippe, adopté par Napoléon, il s’invite également au Vatican. Chaque gorgée devient un rituel, chaque éclat un hommage au savoir-faire Baccarat. De l’Europe à l’Orient, il accompagne banquets, réceptions d’État et dîners d’apparat, devenant l’ambassadeur du cristal français à travers le globe.
L’évolution d’un classique
D’abord pensé pour le vin, le service Harcourt s’étoffe dès le début du XXe siècle : coupes à champagne, verres à vin du Rhin, chopes, gobelets…
Les usages évoluent, Baccarat répond avec de nouvelles formes et fonctions : compotiers, saladiers, services à caviar, rafraîchissoirs. Aujourd’hui, la collection compte plus d’une trentaine de références, chacune reprenant l’ADN visuel du modèle originel.
En 1925, il prend officiellement le nom « Harcourt », en hommage à une illustre lignée normande. Cette nouvelle appellation scelle son statut d’icône intemporelle, associée à la noblesse et au prestige.
Les éditions spéciales : l’ANAP et au-delà
Si le Harcourt classique brille par sa transparence cristalline, Baccarat aime aussi le réinventer. Dans les années 1980, une édition limitée — Harcourt ANAP, déclinée en cristal rouge et ambre — voit le jour.
Tirée à seulement 250 exemplaires, elle marie l’architecture traditionnelle du verre à la chaleur profonde des teintes rares, offrant aux collectionneurs une pièce à la fois familière et singulière.
D’autres collaborations ont suivi, notamment avec Philippe Starck en 2005, qui revisite la légende en y injectant une audace contemporaine, sans jamais trahir l’essence originelle.
Un savoir-faire inchangé
Derrière chaque Harcourt, il y a la main experte d’un souffleur, la précision d’un tailleur, la patience d’un polisseur. Le cristal est d’abord soufflé à la bouche, puis taillé à la main selon une technique transmise depuis des générations. Chaque facette est polie avec soin, chaque angle pensé pour refléter la lumière de façon unique. C’est ce travail artisanal qui donne au Harcourt sa présence incomparable, à la fois robuste et délicate.
Au XXIe siècle, le Harcourt continue de séduire amateurs de belles tables, décorateurs et chefs d’État. Plus de dix mille verres sont encore vendus chaque année, preuve que le charme opère toujours. Sur une table contemporaine comme dans un palais ancien, il impose sa silhouette aristocratique et capte les regards.
Harcourt n’est pas qu’un objet : c’est une mémoire, un héritage. Il raconte l’histoire de la France, de ses arts décoratifs et de sa capacité à allier tradition et modernité.